6 secondes 29

PRÉSENTATION

À quel moment commence un son ? Quand se termine-t-il ? Quelle est sa durée de vie, au-delà la métrique d’une rythmique et le graphique d’une partition ? NoireDeux crochesnoireSoupirs…

6 secondes 29, le nouveau programme imaginé par Valérie Fayet pour l’Ensemble Vocal Seguido, convoque ces interrogations en invitant un nouveau membre constitutif de l’architecture du son du chœur en la personne de Le Corbusier. 6 secondes 29, c’est la réponse musicale à l’invitation lancée par FestyVocal, la biennale de musique vocale contemporaine de Firminy, à venir chanter en l’église Saint Pierre conçue par Le Corbusier. 6 secondes 29, c’est le temps de réverbération du son dans cette église, faisant de l’inhabituel d’une telle acoustique la possibilité d’une expérience vocale extraordinaire.

Ainsi chacun au sein de l’édifice, bien enveloppé des murs et de la haute voûte de béton, pourra entendre s’ouvrir des horizons insoupçonnés, où brillent archipels sidéraux et autres équinoxes provisoires, pièce écrite par Alexandre Ouzounoff spécialement pour le lieu et le chœur.

Mais gare à ne pas succomber aux chants des sirènes ! Jamais n’auront été aussi perceptibles la nécessité et la précision du geste à la direction de chœur pour mener à bien cette odyssée singulière. Le geste comme invitation au voyage, porteur de promesses et d’émerveillements dans l’inspiration qu’il autorise. Le geste comme boussole, pour ne pas se perdre dans un son devenu autonome, se jouant de chacun durant ces 6 secondes 29 où il peut alors croire en l’illusion, un temps, d’une éternité possible.

Une éternité où les notes deviennent poèmes, où les rires de William Blake font danser les sons dans une frénésie contagieuse, où la fragilité de l’agneau ne se risque à rien autre chose que la douceur et la sérénité.

Une éternité qui se sait néanmoins limitée au moment même de l’envol, qui fait alors entendre la vanité des choses du monde par cette insistance d’un son qui n’en finit pas de disparaître dans une inlassable répétition. Les loups sont de sortie et gagnent la bergerie : Écho ici non plus ne sera pas sauvée.

L’écrivain Sylvia Plath l’a d’ailleurs déjà justement écrit : « La poésie ne sauve pas. La poésie ne sauve rien. Mais il y a la poésie. » Gageons qu’il y a là un mystère (une vérité ?) qui nous concerne toutes et tous ici rassemblés. Essayons, ensemble, tranquillement, à l’unisson : « La musique ne sauve pas. La musique ne sauve rien. Mais il y a la musique. »

Le temps de le dire, et 6 secondes 29 sont passées. Le temps d’une preuve d’amour.

Encore. Et encore. Et encore…

RÉPERTOIRE

Solfeggio
Arvo PÄRT

Again (after ecclesiastes)
David LANG

He saw a skull
Mickaël Gordon

The Deer's Cry
Arvo PÄRT

Équinoxes provisoires
Alexandre OUZOUNOFF

Aeternitas me sequitur
Lucas SONZOGNI

Serenity
Ola GJIELO

Det är en ros utsprungen
Praetorius/Sandström

Laughing song
Torbjørn DYRUD

The Lamb
John Tavener

Audi Filia
Giovanni BONATO